Ventimiglia : Rapport inter-associatif « Journée contre la traite des êtres humains : femmes en danger à Vintimille »

https://www.weworld.it/news-e-storie/news/giornata-contro-la-tratta-a-ventimiglia-donne-a-rischio

par les ONG WeWorld, Caritas Intemelia, Diaconia Valdese, Médecins du Monde.

Traduction approximative.

Jacopo Colomba (WeWorld) : « Seules, vulnérables et sans ressources économiques, les femmes sont les plus exposées au risque de traite. Des ressources et des services sont nécessaires de toute urgence ».

« Quand mon père est mort, ma mère et moi avons tout perdu et c’est pour cela que je me suis lancée dans ce voyage vers l’Europe. Durant mon parcours j’ai été violée, puis je suis restée bloquée un an en Tunisie où je travaillais comme baby-sitter pour une dame qui s’était proposée de m’aider, alors qu’en réalité elle ne m’a jamais payée. Je veux arriver à Lyon où vit ma soeur, mais ils m’ont arrêtée pendant que je cherchais à rentrer en France en autobus. Pour le moment j’ai fait une seule tentative, mais je continuerai jusqu’à ce que je réussisse à passer. »
Nathalie.

Nathalie n’a que 18 ans et, au cours de son voyage, elle a déjà rencontré de nombreuses personnes qui l’ont trahie, trompée et exploitée. Elle fait partie des nombreuses femmes qui arrivent à Vintimille – souvent seules et avec peu ou pas de ressources économiques – pour tenter de franchir la frontière et rejoindre des membres de leur famille en Europe. Ce sont précisément elles qui sont les plus vulnérables et qui risquent de devenir des victimes de la traite des êtres humains.

Nous avons recueilli son histoire, ainsi que celle de nombreuses autres femmes, dans « Inter-routes. Histoires de femmes et de familles à la frontière de Vintimille », le rapport qui analyse l’évolution des flux migratoires dans la région à l’occasion de la Journée internationale contre la traite des êtres humains.

Au cours des six derniers mois, on a observé une féminisation des arrivées à Vintimille, l’un des principaux points de transit pour les personnes cherchant à quitter l’Italie. Si, par le passé, les migrants ou les familles de sexe masculin étaient majoritaires, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Il suffit de dire que les arrivées de femmes en provenance de Côte d’Ivoire ont augmenté de 100 % (de 600 en un an à 1 200) et de plus de 60 % en provenance de Guinée.

Nathalie n’a que 18 ans et, au cours de son voyage, elle a déjà rencontré de nombreuses personnes qui l’ont trahie, trompée et exploitée. Elle fait partie des nombreuses femmes qui arrivent à Vintimille – souvent seules et avec peu ou pas de ressources économiques – pour tenter de franchir la frontière et rejoindre des membres de leur famille en Europe. Ce sont précisément elles qui sont les plus vulnérables et qui risquent de devenir des victimes de la traite des êtres humains.

Nous avons recueilli son histoire, ainsi que celle de nombreuses autres femmes, dans « Inter-routes. Histoires de femmes et de familles à la frontière de Vintimille », le rapport qui analyse l’évolution des flux migratoires dans la région à l’occasion de la Journée internationale contre la traite des êtres humains.

Au cours des six derniers mois, on a observé une féminisation des arrivées à Vintimille, l’un des principaux points de transit pour les personnes cherchant à quitter l’Italie. Si, par le passé, les migrants ou les familles de sexe masculin étaient majoritaires, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Il suffit de dire que les arrivées de femmes en provenance de Côte d’Ivoire ont augmenté de 100 % (de 600 en un an à 1 200) et de plus de 60 % en provenance de Guinée.

Ainsi, de nombreuses femmes sont contraintes d’interrompre leur voyage et de rester à Vintimille à la recherche d’un abri ou d’un passage sûr, au risque d’être victimes de réseaux criminels qui organisent le franchissement irrégulier des frontières et la traite des êtres humains à des fins d’exploitation, en les trompant en leur faisant miroiter une rédemption de leur condition une fois franchi la frontière franco-italienne.

Les femmes seules sont plus exposées que les autres au risque d’être victimes des réseaux criminels présents sur le territoire », explique Jacopo Colomba, responsable du projet WeWorld à Vintimille, « après le blocage causé par la pandémie, les mouvements ont repris lentement : 2022 a enregistré 33 000 rejets à la frontière et, très probablement, d’ici la fin de 2023, ce seuil sera dépassé ». Au cours des six derniers mois, le nombre de femmes seules a considérablement augmenté et nous ne pouvons pas faire comme si rien ne se passait : nous avons besoin de davantage de ressources dédiées pour que ces femmes ne deviennent pas victimes de la traite ».

En 2021, ce sont plus de 50 millions de femmes dans le monde q victimes de la traite, dont 9 sur 10 sont des femmes ou des filles qui restent impliquées dans des réseaux criminels à des fins sexuelles. En Italie, le phénomène concerne environ 90 000 jeunes femmes et filles, principalement originaires d’Afrique et d’Europe de l’Est, dont les corps sont exploités pour une valeur d’environ 4,7 milliards d’euros. Ces chiffres sont certainement à la baisse : par nature, en effet, la traite est un phénomène submergé, difficilement mesurable et l’interception des victimes est particulièrement compliquée, ce qui s’est encore accentué ces dernières années en raison de la pandémie.

 

La différence entre traite et trafic

Contrairement au phénomène de la traite des migrants – qui a souvent lieu avec le consentement de la personne elle-même et se limite au temps nécessaire pour transférer la personne du pays d’origine au pays de destination – le phénomène de la traite se caractérise par le fait que la victime est contrainte d’effectuer un travail ou des activités sexuelles répétées et se déroule sur une période de temps moyenne à longue : sortir d’une situation de traite n’est en effet pas facile mais représente aujourd’hui une forme moderne d’esclavage qui viole de manière frontale une série de droits humains et de libertés, face auxquels on ne peut rester inerte.

 

« Je suis arrivé pour la première fois en Italie en 2016. Ici, j’ai connu ma femme (…) Nous sommes arrivés à Vintimille en train, en passant par Milan, et hier nous avons cherché à franchir en train les frontières avec la France. Le premier refoulement nous a stupéfiés, et nous avons cherché une autre façon de passer la frontière, mais nous avons compris qu’avec les enfants c’est quasi impossible : Nous ne pouvons voyager avec eux de nuit, ils n’arrivent pas à rester silencieux, et les trafiquants ne veulent pas être arrêtés à cause d’eux… »
Roland.

Le lien entre la traite et la justice sexuelle et reproductive

« Le phénomène de la traite est étroitement lié à celui de l’exploitation sexuelle », explique Martina Albini, coordinatrice du centre d’études de WeWorld, « cette marchandisation du corps des victimes entraîne une profonde violation de leurs droits humains dans le cadre plus large de la justice sexuelle et reproductive. La traite des personnes à des fins d’exploitation sexuelle prive totalement les victimes du droit de décider librement de leur corps, de leur santé, de la possibilité d’accéder à des services de santé sûrs et de la liberté de s’autodéterminer sur le plan sexuel et reproductif ».

Depuis des années, Vintimille est l’un des principaux points de passage en Europe pour la plupart des migrants qui arrivent en Italie par voie maritime ou terrestre et qui tentent de franchir la frontière française, où ils se heurtent à des contrôles et à des refus en raison de la suspension du traité de Schengen par le gouvernement français en 2015.

Les demandes

C’est pourquoi WeWorld, en collaboration avec Caritas Intemelia, Médecins du Monde et Diaconia Valdese, toutes des organisations de première ligne dans la région, demandent :

  • la restauration du Traité de Schengen afin de donner des possibilités légales d’accès et de mouvement au sein des pays de l’UE, de faciliter les procédures de demande d’asile et de garantir le respect des droits de l’homme des migrants. Il s’agirait d’une première étape fondamentale qui permettrait également de travailler au niveau de l’UE avec des mesures transnationales.
  • la mise en place de structures d’accueil pour garantir un hébergement approprié et digne à tous les migrants sans exception, afin de limiter et de traiter, et non d’accroître, les vulnérabilités et les difficultés auxquelles ils sont confrontés au quotidien.
  • une table de coordination avec toutes les parties prenantes et le secteur tertiaire dans le but de surveiller la situation migratoire à Vintimille et de proposer des solutions à des cas plus spécifiques, tels que la traite à des fins d’exploitation sexuelle.