PROCES D’UN SOLIDAIRE italien MARDI 9 JANVIER 9H IMPERIA
Traduction approximative :
« LA FUITE N’EST PAS UN DELIT »
Mardi 9 janvier à 9 H – Tribunal d’Imperia
procès de Gianni, solidaire
Il y a désormais 2 ans et demi de cela, le 4 octobre 2015 à Vintimille, une manifestation fut initiée pour protester contre l’évacuation du « Presidio permanent des Balzi Rossi » effectuée 4 jours avant. Les gouvernements européens avaient trouvé un accord sur les hotspots et ce camp exceptionnel, qui avait vu pendant 4 mois des centaines de migrants et de solidaires remettre en question cette frontière, devait prendre fin.
Le jour de la manifestation, le centre de la Croix-rouge italienne voisin de la gare fut de fait fermé pour empêcher quelque contact que ce soit entre les migrants retenus à l’intérieur et les solidaires à l’extérieur.
Le cortège ne put partir et les solidaires restèrent bloqués sur la place devant la gare. Précisément à cause de cette impossibilité de se déplacer, vers le soir les activistes présents tentèrent d’installer un campement de fortune, montant quelques tentes pour continuer la manifestation.
Face à cette tentative, les forces de l’ordre ripostèrent immédiatement, chargeant sans prévenir ceux qui s’installaient, matraquant ceux qui cherchaient à prendre au moins quelques effets personnels, se lançant dans une véritable chasse à l’homme dans le centre ville.
Dans ce contexte, Gianni, solidaire de Dolceacqua, s’échappe de la charge et cherche à protéger sa compagne des matraques en la tirant à lui tout en continuant à fuir.
Il est arrêté peu après, malmené et emmené au commissariat où il est poursuivi pour résistance, et où il lui est notifié une « foglio di via » = » arrêté d’expulsion » de la commune de Vintimille, limitrophe de la commune où il réside.
Le 9 janvier commencera le procès à charge de Gianni, il est « coupable » de résister en ayant fui la charge de la police et,, par-dessus tout, d’être solidaire de qui fuit son propre pays à la recherche d’une vie meilleure.
Pour plus de clarté, nous disons tout de suite que ni le mythe du héros qui ne fuit pas, ni la rhétorique qui s’apitoie sur la victime en fuite ne nous intéressent.
Ce qui nous reste dans le coeur est : la liberté de circulation pour toutes et tous.
Aussi disons-nous : « La fuite n’est pas un délit ! »
Ces milliers de personnes qui traversent la mer et l’Europe pour chercher à changer leur avenir ont le droit de fuite, et elles se trouvent bloquées dans les limbes de Vintimille.
Toutes ces années, nous avons vu empirer la situation de ceux qui cherchent à traverser la frontière dans cette ville : les évacuations continuelles des campements informels, les déportations vers le sud de l’Italie et les pays de provenance, les violences quotidiennes et les morts, trop de morts, le dernier ces jours-ci.
C’est pour cela que nous cherchons à utiliser ce procès contre les solidaires comme un moment de dénonciation contre la frontière. Pour lutter contre le racisme de cette Europe des frontières, pour nous défendre contre la criminalisation de ceux qui voyagent et de ceux qui sont solidaires.
Aux côtés de Gianni et de toutes personnes qui voyagent / en exil
La fuite n’est pas un délit. »