Manifestation du 23 mars : une première victoire

Ce jeudi soir les Collectifs de Sans-papiers avaient décidé de partir de Bastille même en cas d’interdiction. Après 3 jours de bras de fer la préfecture a cédé et la manifestation de ce samedi contre le racisme et le fascisme est autorisée au départ de Bastille. Mais se réjouir d’avoir obtenu le simple droit de manifester n’est-il pas déjà le signe de l’urgence dans laquelle nous sommes ?

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– A Paris, nous manifesterons au départ de la place de la Bastille à 14H00 jusqu’à Stalingrad, en passant par la place de la République. Rupture du jeun organisée à l’arrivée de la manifestation, place Stalingrad.
– Ci-dessous manifestations et rassemblements sur tout le territoire (https://antiracisme-solidarite.org/agenda/)

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A Paris, la manifestation de ce samedi est annoncée publiquement depuis plusieurs semaines. Des affiches ont été collées, des tracts diffusés. Son parcours a été déposé en préfecture depuis 10 jours. De la Place de la Bastille au Panthéon. C’est un trajet possible puisque c’est celui que nous avons emprunté il y a un an.

Pourtant mardi la préfecture annonce que cela ne sera pas possible. Ni Bastille, ni Panthéon.

Pour « garantir le droit de manifester » la préfecture « propose » le trajet « République – Stalingrad ». Cela devient systématique : désormais la préfecture de police de Paris décide du parcours des manifestations et l’annonce quelques jours avant coupant ainsi tous les efforts de mobilisation publique. C’était déjà le cas du rassemblement contre le meeting des fascistes au Cirque d’Hiver fin septembre. C’était le cas de la manifestation du 18 décembre. Puis des rassemblements déposés le 19 et le 20 décembre. Les exemples se multiplient. Et en cas de désaccord la préfecture pond un arrêté d’interdiction (publié le plus tard possible pour empêcher tout recours et intimider les potentiels manifestant.es). Avec désormais, dans l’arrêté, non seulement l’interdiction du parcours demandé mais aussi le trajet décidé par la préfecture qui devient imposé.

Jusqu’où allons-nous aller ? Demain les pouvoirs en place imposeront aussi nos revendications ?

Dès mardi nous avons prévenu la préfecture que ces procédés revenaient de fait à attaquer le droit de manifester. Que nous avions dû déjà plier plusieurs fois, dont le 18 décembre, mais que cela ne faisait que rendre leurs pratiques plus systématiques. Que ce faisant nous allions tout simplement mettre en question le fait de déposer nos parcours et que nous allions discuter de maintenir la manifestation même si elle était interdite.

Jusqu’à ce vendredi matin la préfecture a maintenu sa position. Lors d’une réunion d’urgence jeudi soir entre tous les Collectifs de Sans-papiers et signataires pour la Marche, les délégués de tous les collectifs de sans-papiers ont décidé qu’ils maintiendraient le départ à Bastille même en cas d’interdiction tout en déposant un recours au Tribunal administratif.

Ce vendredi après-midi la préfecture a reculé en accordant un départ de la manifestation à Bastille.

C’est bien sûr la preuve que la détermination peut payer.

Il n’en reste pas moins que cela démontre dans quelle situation nous sommes arrivé.es. Alors que les manifestations de rue sont un des outils de la lutte pour les droits, nous en sommes rendus à lutter pour la simple possibilité de manifester.

Nous avons dû batailler pour arracher le lieu de départ de la manifestation mais nous avons, de fait, cédé.es sur le parcours. Nous n’irons pas au Panthéon où nous voulions rendre hommage à toutes et tous les Immigré.es, derrière la figure des Manouchian, qui se sont battu.es et se battent encore pour l’égalité des droits et la liberté. Tirailleurs et tirailleuses d’hier et d’aujourd’hui. Quel est le problème ? Est-ce qu’il n’y a que le monarque qui a droit de rendre hommage ? Et de sélectionner ?

Il faut bien comprendre la logique car elle montre combien le combat contre le racisme et aux côtés des Immigré.es est un enjeu pour toutes et tous. L’Etat et la police contrôlent et limitent de plus en plus l’espace public, qui est aussi celui de la protestation comme ils contrôlent de plus en plus l’espace dans lequel circulent les Immigré.es. L’Etat et la police répriment la liberté de manifester comme ils répriment la liberté de circuler.

Jusqu’où irons-nous ? Jusqu’où accepterons-nous ? Ces derniers jours plusieurs campements de jeunes mineurs à la rue ont été démantelés. Ces derniers jours Cédric Herrou a été arrêté et mis en garde à vue pour délit de solidarité. Wanys a été tué par la police il y a huit jours. Ce jeudi il devait avoir 19 ans. L’ancien directeur de la police des frontières européennes (Frontex) sera candidat aux prochaines élections européennes sur la liste du Rassemblement National.

Jusqu’où accepterons-nous ?

Ce samedi soyons nombreux et nombreuses.

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Vendredi 22 mars

Grenoble – 18H00 : Rassemblement Place Félix Poulat

Samedi 23 mars

La Rochelle – 10H00 : Manifestation départ vieux-port
Besançon – 10H30 : Rassemblement Place du 8 Septembre
Valence – 12H00 : Manifestation départ Place de la Gare
Mont de Marsan – 11H00 : Rassemblement Place St Roch
Saint-Étienne – 11H00 : Rassemblement place Jean Jaurès
Montpellier – 11H00 : Rassemblement Place de la Comédie
Paris – 14H00 : Manifestation départ Place de la Bastille
Romans-sur-Isère – 14H00 : Rassemblement devant la gare
Strasbourg – 14H00 : Manifestation Place Kléber
Poitiers – 15H00 : Manifestation départ Place Lepetit
Rennes – 15H00 : Manifestation départ Place de la République
Niort – 17H00 : Rassemblement place des Halles

– Agenda détaillé : https://antiracisme-solidarite.org/agenda/

– En France – Texte d’appel et signataires
Liberté, Égalité, Papiers ! 23 mars -Journée internationale contre le racisme et le fascisme https://blogs.mediapart.fr/marche-des-solidarites/blog/280224/samedi-23-mars-liberte-egalite-papiers-appel-la-mobilisation-generale ET https://antiracisme-solidarite.org/accueil-2/

– International – Texte d’appel et signataires : https://worldagainstracism.org/2024-waraf/16m2024-fr/

– Vidéo d’appel à faire circuler : https://youtu.be/088xtEYMdEk

Les collectifs de la Marche des Solidarités