Racisme à Vintimille – Témoignage : « Riviera 24 », 26/3/23

https://www.riviera24.it/2023/03/ventimiglia-giovane-straniero-si-butta-dal-ponte-per-sfuggire-alla-folla-la-testimonianza-di-una-cittadina-806515/

Ventimiglia, un jeune étranger saute d’un pont pour échapper à la foule : témoignage d’une citoyenne

« Hier, j’ai eu l’impression de vivre dans une jungle après que les bêtes ont été libérées de leurs cages. »

Un jeune étranger agressé par un groupe d’hommes qui, au lieu d’alerter la police, ont décidé de se faire justice eux-mêmes. Une scène inquiétante, racontée par une jeune habitante de Vintimille, Veronica F. P., qui a contacté notre rédaction pour nous faire part de son témoignage.

« Je suis une jeune fille qui vit à Vintimille depuis quelques années, je connais votre journal et c’est la première fois que je me sens obligée de vous faire part d’un fait divers désagréable qui s’est produit hier après-midi entre 17h30 et 18h dans la ville de Vintimille. Ici, comme vous le savez, le centre de réfugiés a été fermé il y a quelques années et les migrants se sont retrouvés du jour au lendemain à vivre sous le pont le long de la rivière Roja ou sous l’autoroute qui mène à Roverino. Comme ils n’ont pas de travail, ils passent la journée dans les jardins publics de la Via Vittorio Veneto, où on les voit parfois faire pipi ou flâner sur la plage. J’ai appris de source sûre que les garçons boivent de l’essence à la station-service le soir pour s’amuser. Bref, le tableau n’est pas beau à voir et la ville est actuellement sans maire depuis que le maire précédent, Scullino, a démissionné parce que, entre autres, il n’avait pas résolu la question de l’immigration.

Pour en revenir à ce qui s’est passé hier, j’ai quitté le travail à 17h30 et j’ai vu un homme au milieu du rond-point en train de crier sur un jeune Africain et de le poursuivre ainsi que d’autres personnes derrière lui. J’ai demandé ce qui se passait et un monsieur m’a répondu que le garçon avait peut-être un couteau et qu’il avait essayé de voler à l’intérieur d’un magasin. Pendant ce temps, le petit groupe d’hommes le tirait, il a essayé de se débattre et a réussi à s’échapper vers la rivière. Ils lui ont crié dessus et il a répondu, puis dans la circulation je n’ai pas pu voir la scène, mais d’autres se sont joints à la poursuite jusqu’à ce qu’il, vraisemblablement effrayé, saute du pont vers le bas, qui est d’environ 3 mètres de haut. J’ai entendu un garçon dire qu’il lui avait jeté une pierre au visage et qu’il voulait le tuer pour cela. D’en haut, ils l’ont couvert d’insultes, après qu’il se soit relevé, heureusement indemne. J’ai entendu des gens dire qu’ils n’en pouvaient plus, qu’il fallait leur dire qu’ils étaient racistes après ce que « ces gens » faisaient ici. Pendant ce temps, le garçon d’en bas criait « Je suis italien, vous êtes des racistes ». J’étais d’accord avec lui et un monsieur m’a dit que j’avais tort et m’a expliqué qu’il fallait l’aider au lieu de l’attaquer comme ça, mais il n’a pas voulu écouter. Ensuite, un jeune homme a descendu les escaliers et l’a poursuivi le long de la rivière jusqu’à ce qu’il saute dans l’eau. Enfin, la police est arrivée, l’a pris et l’a emmené.

Hier, j’ai eu l’impression de vivre dans une jungle après que les bêtes ont été libérées de leur cage. J’ai vu une bande de gens s’en prendre à un seul individu avec l’intention de se faire justice eux-mêmes au lieu d’appeler la police et d’attendre qu’elle intervienne. Je peux dire que je suis très inquiet de la situation ; je crains qu’elle ne dégénère et c’est pourquoi j’espère que vous considérerez vous aussi cet incident comme une affaire sérieuse qui doit attirer l’attention de tous. Il est clair, également à la lumière des événements de Cutro, que la société est en train de changer (je dirais pour le pire) et les gens doivent se rendre compte que, tout d’abord, face à une tentative de vol, la solution n’est pas la violence mais la dénonciation et, deuxièmement, il faut plus d’informations sur l’immigration parce qu’ici, à Vintimille, les migrants sont considérés comme les ennemis de la société, alors qu’ils sont simplement des gens qui n’ont rien et qui ont besoin d’argent pour survivre ».

Pour mémoire, il convient de préciser que le jeune Africain, tel qu’il a été reconstitué par les carabiniers, n’a pas tenté de voler et n’était pas en possession d’un couteau. Il a cependant été emmené à la caserne par les militaires pour enquête.