Procès Hugo et demandeurs d’asile : revue de presse – Verdict au 17:12/21 8h

Pour celles et ceux qui le pourront, merci de vous rendre au TGI de Nice pour soutenir Hugo et les demandeurs d’asile qui sont passés en procès le 19 novembre, pour le :

JUGEMENT EN DELIBERE LE 17 DECEMBRE 8 H

Après près de 7h d’audience et un mépris ignominieux de la partie adverse, nous nous inquiétons de la teneur de ce jugement. Nous espérons que la Cour aura compris la dimension basiquement raciste de cette sauvage et terrifiante agression, et n’en restera pas sur la version de représailles que veut faire accroire la bande dont les tenants ont déjà eu affaire à la justice.

 

Communiqué de son avocat, Me Zia OLOUMI 

CHRONIQUE D’UN RACISME ORDINAIRE
Monsieur Hugues SECHET est un habitant du village de Contes dans les Alpes Maritimes. « Hugo » comme l’appellent ses proches, est très investi dans les activités associatives de sa région.
Il est membre de l’association Roya citoyenne et héberge parfois des demandeurs d’asile auxquels l’Etat français n’a pas trouvé d’hébergement.
En avril 2019, Monsieur SECHET héberge quatre demandeurs d’asile nigérians et centrafricain, dont la demande d’asile est régulièrement enregistrée auprès de la préfecture des Alpes-Maritimes.
Aux alentours du 1er avril, Monsieur SECHET est victime d’un jet de projectiles sur ses fenêtres. Il se rend au commissariat pour déposer une main courante. Les auteurs ne sont pas identifiés. Les policiers disent qu’ils le rappelleront.
Dans la nuit du 13 au 14 avril, l’habitation de Monsieur SECHET fait l’objet d’une nouvelle attaque : la fenêtre de sa cuisine est brisée par une bouteille en verre lancée par un inconnu.
Alerté par le bruit Monsieur SECHET se rend près de sa fenêtre. Il est alors blessé au visage par un nouveau jet de projectiles. Des projectiles de toutes sortes fusent de l’extérieur : bouteilles en verre, couteaux, marteaux. Une des personnes hébergées est également blessé par le jet d’un marteau.
Monsieur SECHET est au sol, blessé, à demi inconscient.
S’approchant de la fenêtre, les personnes hébergées à son domicile, aperçoivent un groupe d’une vingtaine de jeunes individus armés de couteaux, de barres de fer et de bouteilles en verre. Les témoins sont formels, une partie du groupe d’individus se rue soudain vers l’intérieur de l’immeuble et tente d’enfoncer la porte de l’habitation.
N’y parvenant pas, cette horde sauvage décide de s’en prendre, courageusement sans doute, à la voiture de Monsieur SECHET, la défonçant littéralement, munis d’un bâton et d’une barre de fer. En l’état, la voiture est irrécupérable, devenue une épave.
Les voisins, témoins de la scène particulièrement violente, ont pu relever que ce groupe a menacé de mort et a proféré des injures à caractère raciste, notamment « Pourquoi héberger tous ces noirs chez toi ? » ou encore « on va vous brûler sales négros » ! Cette scène est décrite par certains voisins comme une émeute dans un but de lynchage manifeste.
Des voisins et les habitants de l’appartement parviennent à contacter les forces de l’ordre et les secours. Une ambulance arrive finalement : le groupe d’assaillants prend la fuite, Monsieur SECHET est hospitalisé.
L’affaire n’est pourtant pas terminée : le pire est à venir.
Au cours de l’enquête, alors que les victimes avaient été clairement identifiées, la gendarmerie de Nice, saisie à la suite de la gendarmerie de Contes, décidera de « changer de stratégie » : les victimes d’origines africaines, entendues d’abord pour leur dépôt de plainte, seront tour à tour entendues comme « témoins », puis comme « mis en cause » dans cette affaire, pour être finalement convoquées devant le tribunal également comme prévenus.
Alors que le site internet du Ministre de la Justice affirme que « Toute victime d’une infraction pénale a le droit d’être écoutée, orientée, de porter plainte, d’engager des poursuites pénales contre l’auteur de la contravention, du délit ou du crime, de demander réparation de son préjudice », tel n’est visiblement pas le sort qui leur est réservé en pratique, surtout lorsqu’elles sont d’origine africaine.
En l’espèce, Monsieur SECHET, pourtant victime et encore sous le choc d’une agression barbare, sera entendu par la police judiciaire de Nice comme s’il était soupçonné d’aide à l’entrée d’étrangers en situation irrégulière. Un véritable interrogatoire sur ses connaissances et ses activités associatives sera mené au cours de son audition. Monsieur SECHET est contraint de se justifier de ses activités associatives alors même qu’il agit en citoyen solidaire, palliant les carences de l’Etat.
Les procès-verbaux d’audition parlent d’eux même. Lorsque l’une des victimes noires indique qu’elle craint de retourner au domicile de Monsieur SECHET et demande la protection de l’Etat français, l’officier de police lui rétorque : « Est-ce que vous vous sentiriez en sécurité dans un centre de rétention ? » !
Le 17 avril 2019, l’association Roya Citoyenne a publié un communiqué dans lequel elle demande au procureur de la République de Nice « le même acharnement à trouver et poursuivre ces agresseurs barbares que celui qu’il met dans la poursuite des citoyens engagés dans la solidarité envers les personnes migrantes dans les Alpes-Maritimes ».
L’appel de l’association Roya Citoyenne est malheureusement resté lettre morte.
Le choix du parquet de poursuivre les victimes ne peut être compris que comme une volonté politique dans le but de minimiser l’agression raciste. Il est vrai que le précédent procureur de la République, à l’époque des faits, a été depuis l’affaire Legay, muté à la Cour d’appel de Lyon où il est désormais substitut du procureur général.
L’affaire a ensuite été minimisée et présentée comme une « simple bagarre ».
Ainsi, le 26 avril 2019, le journal Le Figaro a pu même titrer « Tensions entre habitants et migrants près de Nice », soulignant que « la justice a renvoyé en correctionnelle quatre nigérians et deux villageois après une violente altercation à Contes. Un déchaînement de violence jamais vu dans une vallée tranquille ». L’article rappelle que « le procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre, a révélé que : « Il a été constaté des violences réciproques en deux temps » !
Le site internet identitaire Française de souche a ainsi pu titrer, le 7 mai 2019, « Contes (06) : agression d’un membre de l’association pro-migrant Roya citoyenne (MàJ : quatre nigérians seront jugés dans le cadre de cette attaque raciste) », rappelant que « au total six personnes seront traduites en justice en janvier prochain, que tous les protagonistes ont été entendus en garde à vue, et aucun n’a été placé en détention provisoire ».
Les victimes de cette agression raciste ont dû tous quitter leur lieu de vie, et n’ont à ce jour aucune garantie de sécurité pour revenir à Contes. Monsieur SECHET considère que sa situation reflète la faillite de l’Etat à protéger les victimes.
Deux agresseurs seulement devront répondre de leurs actes pour violences volontaires avec trois circonstances aggravantes, mais parallèlement, la justice leur a reconnu le statut de victime potentielle, puisqu’ils comparaitront finalement aussi comme victimes !
Les réelles victimes par contre, à l’exception de monsieur SECHET lui-même, devront étonnement répondre également de violences volontaires en réunion. Or aucun début de preuve sérieuse ne vient les compromettre, à l’exception peut-être d’affirmations péremptoires de leurs agresseurs.
L’affaire sera jugée le jeudi 29 octobre 2020 devant la Chambre correctionnelle du Tribunal judiciaire de Nice à 13h30.
Heureux de les assister.
Le procès a été renvoyé au 3 juin 2021 à 13h30, faute d’interprète en Anglais Pidjin (creole Nigerian).
Le procès sera finalement jugé le 19 novembre 2021 à 8h30… enfin, après plus de deux ans d’attente !

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