Manon Aubry, eurodéputée : Privation de liberté et Quête d’humanité à la frontière franco-italienne – Communiqués, 31/10/19

Communiqué de Roya citoyenne

« Circulez, y’a rien à voir… »

La députée européenne Manon Aubry, accompagnée de représentants de son organisation bien sûr, France insoumise 06, et d’associations de défense des droits (CAFFIM, ANAFE, Roya citoyenne, Amnesty international, RESF 06, collectif Keshaniya,…), ainsi que de l’avocate Mireille Damiano, souhaitait visiter les locaux où la PAF de Menton retient les réfugiés avant de les renvoyer en Italie.

Les nombreux témoignages recueillis auprès des personnes momentanément enfermées font état de conditions d’hygiène déplorables, de violences, de comportements inhumains répétés (des rapports des veilles effectuées par le collectif Keshaniya avec une partie de ces témoignages seront prochainement publiés sur une page du site de Roya citoyenne).

Ces conditions de rétention ont amené la députée à faire une visite surprise, comme l’article 719 du Code de procédure pénale l’y autorise.

Une simple note de service interne de la P.A.F. l’empêchera de visiter cette prison temporaire, transformée en un trait de plume (qui ne semble pas être un trait d’humour), en « lieu de mise à l’abri des intempéries et des risques de la rue« … !!!

Cet espace d’enfermement des réfugiés refoulés de France apparaît ainsi pour ce qu’il est, une zone de non-droit, où une élue ne peut exercer son droit de visite : Circulez, y’a rien à voir !

Roya citoyenne, le 1/1/2019.

https://lafranceinsoumise.fr/2019/10/31/menton-la-police-aux-frontieres-empeche-manon-aubry-de-visiter-les-locaux-denfermement-des-migrants/

https://mobile.twitter.com/ManonAubryFr

Communiqué de presse de La France insoumise

Menton :
la Police Aux Frontières empêche
Manon Aubry de visiter les locaux d’enfermement des migrants

31 octobre 2019 dans ActualitésManon Aubry

Manon Aubry, eurodéputée de la France Insoumise, s’est vue refuser la visite des locaux où la Police Aux Frontières de Menton enferme les migrant··s qui franchissent la frontière italienne.

La frontière avec l’Italie s’est transformée en zone de non-droit : la Police Aux Frontières arrête et détient des migrant·e·s avant de les renvoyer à travers les Alpes. La députée européenne Manon Aubry a invoqué le droit de visite des lieux de privation de liberté reconnu aux élu·e·s français par l’article 719 du Code de Procédure Pénale pour visiter les algécos où, de l’aveu du directeur de la PAF, une cinquantaine de femmes et d’hommes étaient retenus aujourd’hui depuis une durée indéterminée.

La PAF lui a opposé une scandaleuse note interne de la Direction Centrale de la Police Aux Frontières, selon laquelle les postes de Montgenèvre et Menton ne seraient pas des lieux de privation de liberté, mais des « espaces de mise à l’abri » contre les conditions météorologiques et les dangers de la rue.

Personne n’est dupe : les postes de Menton et de Montgenèvre sont des zones de détention arbitraire hors de tout état de droit. Les visites du Contrôleur Général des Lieux de Privation de Liberté, celles des député·e·s français, l’avis de la CNCDH et les rapports de plusieurs ONGs le prouvent. En refusant la visite d’un · e élu · e, le Ministère de l’Intérieur et la Direction Centrale de la Police Aux Frontières placent le traitement des migrants hors de tout contrôle du respect des droits fondamentaux.


  • Vidéo du 31/10/19 de Manon Aubry, déclaration « 4ème étape de nos 1000 bornes dans une Europe en berne : une journée mouvementée à la frontière franco-italienne« , cliquez.

Cliquez pour lire la suite : récit « Privation de liberté et quête d’humanité » de Manon Aubry, article de Nice matin

  • Vidéo du 31/10/19 devant les locaux de la PAF Menton sur la page Facebook de Manon Aubry de son … refus d’entrée dans les dits locaux !!!
    « Refus scandaleux de me laisser entrer dans les locaux de la police aux frontières de Menton, où sont enfermés chaque semaine des dizaines de migrants. », cliquez.
    Stop à ces zones de non-droit : les élus de la République ont le droit de visiter TOUS les lieux de privation de liberté !
  • Article sur la page Facebook de Manon Aubry : https://www.facebook.com/ManonAubryFR/posts/451238735598060?__tn__=K-R

ETAPE 4 :
PRIVATION DE LIBERTÉ & LA QUETE D’HUMANITÉ

« La police aux frontières au fond d’eux ce sont des êtres humains, ils doivent forcément avoir des âmes en eux ». C’est bien d’humanité dont il a été question aujourd’hui lors de notre 4ème étape mouvementée de notre alternative en selle. Et ces mots ce sont ceux de Kamel, un migrant algérien après avoir passé la nuit à la police aux frontières françaises à Menton dans des conditions plus que précaires et qui pourtant ne se résigne pas à croire en l’humanité la plus élémentaire. Un lieu dont il m’a été refusée l’entrée en dépit de l’obligation légale de laisser les députés visiter les lieux de privation de liberté.

Car pour la police aux frontières et le ministère de l’intérieur, ce lieu est un simple espace de « mise à l’abri », notamment face aux « conditions météorologiques ». Donc si les migrants sont enfermés dans des conditions déplorables c’est pour les protéger de la pluie ? Je découvre alors avec stupeur l’existence d’une note interne à la direction de la police aux frontières dont personne n’a jamais eu connaissance, et qui indique que les polices aux frontières de Menton et Montgenevre (je n’aurai pas de réponse sur pourquoi ces deux-là spécifiquement) ne sont pas des espaces de privation de liberté et donc ne peuvent faire l’objet d’une visite inopinée d’un député. C’est vrai qu’après tout être entassés par dizaines dans des sortes de Mobil-homes de chantier sans fenêtre, sans accès systématique à l’eau, sans chauffage et sans toilettes décents, c’est jouir pleinement de sa liberté. Pourtant le chef de police qui me reçoit me garantit qu’ils sont très bien traités.

En sortant, nous allons à la rencontre de certains de ces migrants quelques dizaines de mètres plus haut sur la route côté italien. Ils sont accueillis sous une bâche précaire par des bénévoles qui leur offrent un café et de quoi manger. Leur récit semble bien éloigné du monde doré décrit par le chef de police. La plupart d’entre eux ont passé la nuit entière enfermés, loin des 2h en moyenne avancées. J’y croise Amadou, malien, qui me raconte que personne n’a réussi à fermé l’œil, assis par terre dans des conditions d’hygiène déplorables. Les associations rapportent également l’utilisation de gaz au poivre pour calmer les ardeurs de ceux qui poussent vers la porte de sortie, désespérés de pouvoir retrouver la liberté.

A la gare de Menton où nous nous rendons par la suite, on assiste encore et encore à la même scène de trains s’arrêtant en gare, fouillés dans les moindres recoins par les CRS jusque dans les panneaux électriques (mais si vous êtes blancs rassurez-vous votre identité ne sera pas vérifiée), et l’arrestation de migrants ensuite conduits au poste de frontière. Côté italien, la situation n’est pas du tout la même. Pas de centre d’enfermement des migrants, pas d’arrestation systématique à la gare : à croire que la France de Macron a réussi à faire pire que l’Italie de Salvini.

A Vintimille côté italien, nous nous rendons au bar tenu par Delia où elle a fait le choix d’accueillir les bras ouverts les migrants : de quoi charger le téléphone, des jeux pour les enfants, un café offert, bref une petite bulle d’humanité, quitte à en payer le prix économique fort, les autres clients désertant petit à petit le lieu. Entre deux histoires de parcours tragiques de migrants qu’elle nous raconte, nous retombons sur Christian que nous avons déjà croisé à la frontière française. Étudiant camerounais avec un titre de séjour en règle en Italie, son entrée en France lui est pourtant refusée. L’Union européenne ne consacre-t-elle pas la liberté de circulation des personnes ? Pourquoi lui avoir refusé l’entrée alors qu’il a des papiers Schengen en règle ? Même les policiers italiens semblent ne pas comprendre ce dogmatisme de la frontière forteresse en s’étonnant de voir Christian revenir.

Ce soir Christian sera aidé par des militants de la Roya citoyenne. Ces militants associatifs qui font vivre une incroyable solidarité dans la région.

Patricia, Joël, Zohra, et tant d’autres qui consacrent tant d’énergie, de temps, et de conviction pour assurer un accueil digne aux migrants. Martine, militante infatigable d’Amnesty qui multiplie les missions d’observation auprès des migrants. Mireille, avocate qui donne des droits aux sans droits. Agnès qui coordonne les associations sur place. Adèle qui apporte du réconfort et un petit dej aux migrants à la sortie d’une nuit éprouvante. Delia qui ouvre grand ses portes. En fait, Kamel avait raison de croire en l’humanité qui doit tous nous habiter. Ces militants en sont la preuve vivante. A nous de les soutenir.

  • Article de Nice matin du 1/11/19 par Alice Roussselot, « Manon Aubry refoulée à la frontière » à télécharger : NM 01-11-2019 Aubry refoulée à la frontièreTélécharger
  • Publication de France info/France 3 « L’eurodéputé France insoumise Manon Aubry interdite d’accès au centre d’accueil de la Police aux frontières de Menton« , cliquez ici.

Chez Delia au bar le Hobbit, Ventimiglia