Motion sur les migrants, les exilés et les réfugiés, adoptée le 25 août par le congrès de la Fédération Nationale de la Libre Pensée (FNLP).

6 septembre 2018

Le Congrès national de la Libre Pensée

(Saint-Herblain – Loire-Atlantique – du 22 au 25 août 2018)

a adopté une résolution sur

la question des migrants, exilés et réfugiés.

Elle la porte à la connaissance des laïques

*******************************************************************

Motion sur les migrants, les exilés et les réfugiés

L’étranger, c’est votre miroir qui le renvoie.”

Léo Campion

Les gouvernements de la France et de l’Union Européenne, à l’image de l’impérialisme américain, rejettent les migrants, exilés et réfugiés. Ces pays multiplient au Moyen-Orient, en Afrique les guerres, les plans économiques asphyxiants. Ce sont là les causes mêmes de ces afflux de migrants. Le nombre de morts en mer Méditerranée en est une funèbre illustration. Si certains pays européens les reçoivent, c‘est bien souvent pour les entretenir dans une précarité, en faire une main d’œuvre à bon marché, pire laissent les trafics les plus ignobles prospérer.

Lors de l’été 2018, après une pseudo « crise diplomatique » frisant le ridicule entre le président Emmanuel Macron et le Président du Conseil italien, c’est le sort de milliers de femmes, d’hommes et d’enfants, d’une partie de l’Humanité qui reste en jeu. Début juillet, le gouvernement français annonce accepter 50 migrants, présentant cela comme ultime geste humanitaire.

En la matière, il n’y a ni humanité, ni dignité, ni tolérance.

D’un côté, les discours grandiloquents dénaturant l’histoire, les principes et les valeurs de la République :

« Nous devons savoir sortir de débats de postures stériles, où il y aurait d’un côté́ celles et ceux qui protègent les étrangers, et de l’autre les répressifs. Parce que de fait, les répressifs ne sont plus efficaces, et ceux qui protègent les étrangers ne les protègent plus vraiment. Et au milieu se retrouvent nos concitoyens, attachés au fond d’eux-mêmes à nos principes d’accueil, mais légitimement exigeants pour leur propre sécurité́ et conscients que nous devons prendre notre part des défis mondiaux. Mais que, pour citer un ancien Premier ministre, « tout en prenant notre part, nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde ». Et donc je souhaite que nous retrouvions ensemble le chemin de cette exigence partagée. Il y aura – et le ministre de l’Intérieur a commencé́ à le faire – un changement profond de l’organisation. D’abord, vous l’avez compris, en termes d’accueil, mais aussi en termes de reconduite. » (Discours d’Emmanuel Macron aux forces de l’ordre, octobre 2017).

De l’autre, les actes et leur violence par lesquels « la France a “ éloigné 26 000 personnes l’an dernier”, avec “une hausse de 14% des éloignements forcés” d’étrangers » en 2017, selon le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb. Il faut y ajouter les 85 000 refoulés à la frontière, dont 17.036 mineurs pour la même année.

« Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis. » Saint-Exupéry

Depuis 2013, le nombre de migrants ayant perdu la vie en voulant rejoindre l’Europe équivaut au nombre d’habitants de villes françaises comme Bagnolet, Saint-Raphaël, La Ciotat, Dreux, Schiltigheim, Saint Dizier, Vienne, Agen… Combien d’ingénieurs, d’ouvriers, de professeurs, de poètes ont ainsi été happés par l’indifférence de nos gouvernants ?

Macron et ses semblables, comme le paradis fiscal, Malte, île de l’Euro et du goupillon, île des oligarques et des mafieux, parlent de l’Union Européenne comme d’un projet humaniste, jouent la montre et sacrifient la vie d’êtres humains.

La Libre Pensée, fille des Lumières et de la Révolution française, rappelle quelques faits :

Depuis la Révolution française, la République a été une terre d’accueil pour les étrangers, un phare qui dans l’obscurité de la barbarie permettait aux plus démunis de cheminer vers une lueur d’espoir, de vie. Déjà, dans sa constitution de 1793, l’article 4 de l’Acte constitutionnel et rédigé ainsi :

«  – Tout homme né et domicilié en France, âgé de vingt et un ans accomplis ;

  • Tout étranger âgé de vingt et un ans accomplis, qui, domicilié en France depuis une année – Y vit de son travail – Ou acquiert une propriété – Ou épouse une Française – Ou adopte un enfant – Ou nourrit un vieillard ;
  • Tout étranger enfin, qui sera jugé par le Corps législatif avoir bien mérité de l’humanité,

est admis à l’exercice des Droits de citoyen français ».

Mais aussi : « Le Peuple français est l’ami et l’allié naturel des peuples libres. » (Article 118), et « Il ne s’immisce point dans le gouvernement des autres nations ; il ne souffre pas que les autres nations s’immiscent dans le sien. » (Article 119), « Il donne asile aux étrangers bannis de leur patrie pour la cause de la liberté. – Il le refuse aux tyrans. » (Article 120).

En rejetant ces migrants, nous devenons étrangers à nous-mêmes, à notre propre humanité, à l’œuvre de la Révolution et de la République, autrement dit “L’étranger, c’est votre miroir qui le renvoie.” (Léo Campion).

D’autant plus que ce sont les mêmes gouvernements occidentaux qui, la main dans la main avec les trusts miniers et pétroliers internationaux, alimentent les guerres, arment les différentes factions, pillent les ressources des pays, notamment des plus pauvres. Ils portent la guerre dans des pays, les mettent à feu et à sang, les bombardent puis en rejettent les populations fuyant l’horreur. Ces gouvernements occidentaux, ces trusts qu’ils protègent, sont responsables de cette situation (guerres et migrations) et de la misère qui en découle.

La Libre Pensée demande que

  • Cessent les contrôles au faciès, les renvois d’étrangers aux frontières.
  • Soient mises en place des structures d’accueil décentes permettant une intégration pleine et entière comme citoyens de la République, notamment un investissement spécifique en matière scolaire pour former dignement les mineurs étrangers. Que ces structures soient encadrées, animées et sous la responsabilité d’agents de l’Etat astreints à la neutralité.
  • Soient abrogées les lois Pasqua-Debré (1986, 1993, 1997), les lois Éric Besson, Brice Hortefeux et Claude Guéant (2011), ainsi que soit abrogée la loi Asile-immigration de Collomb (2018).
  • Soit décidé l’abandon de toutes les charges et condamnations de toutes celles et ceux qui aident des migrants.

Fidèle à sa tradition antimilitariste, humaniste et sociale, la Libre Pensée exige le retrait de toutes les troupes françaises des différentes OPEX, la fin des ingérences économiques, ainsi que l’annulation de toutes les dettes.

Adoptée à l’unanimité par le Congrès

https://www.fnlp.fr/news/570/17/Motion-sur-les-migrants-les-exiles-et-les-refugies.html