La barbarie est à nouveau dans nos murs !

Il ne se passe pas de jours, pas d’heures, sans que nous soyons informés de nouveaux faits accablants qui ne peuvent nous laisser indifférents.

A Calais, il y a quelques jours, les forces de l’ordre gazaient les contenants d’eau et le matériel des associations destiné aux migrants assoiffés. En contaminant l’eau et les équipements, les autorités ont enfreint un des droits naturels les plus fondamentaux égalant les pratiques les plus inhumaines.

Dans les Alpes-Maritimes, hier, des hommes et des femmes se sont vu refuser par la SNCF la possibilité de monter dans le train pour aller faire leur demande d’asile à Nice et se retrouvent à devoir marcher plus de 70 km. Se sont des réfugiés venant d’Afrique et des pays en guerre du Moyen-Orient, survivants de traversées en mer Méditerranée sur des canots de fortune et qui sont dans le dénuement le plus absolu.

En ces temps où la « Mémoire » est convoquée pour un oui ou pour un non, où l’on oblige les gamins des écoles – eux mêmes très souvent enfants d’immigrés venus de nos anciennes colonies – à se construire une conscience, à lutter contre le racisme sous toutes ses formes et à respecter l’Autre, le gazage des équipements prévus pour alimenter et abreuver ces malheureux nous est insupportable.

Tout autant insupportable est le refus de la SNCF, entreprise d’ Etat, d’autoriser que des malheureux épuisés et affamés puissent monter dans ses trains. La plupart de ces femmes et ces hommes sont noirs et n’ont aucune représentation à qui cette aimable entreprise puisse facturer – comme ce fût le cas pour les Juifs sous Vichy – ses « frais de transport » pour chaque Convoi de Déportation. Personne vers qui se retourner…

Comment rester indifférent à ces glissements successifs dans une barbarie ordinaire qui, insidieusement, frappent des pans de plus en plus importants de notre propre société et frappent sans pitié celles et ceux qui tentent de trouver refuge sur notre sol ?

Le temps de la barbarie – entendons nous bien – celle d’aujourd’hui, moderne, parfaitement française tout comme l’était hier celle de Vichy, le temps de la barbarie donc et sa cohorte d’ignominies est là, bien là. Il n’est plus temps de tourner nos regards vers des mirages trompeurs. Plus temps non plus d’invoquer des valeurs fondatrices qui, en réalité, n’ont que très rarement été appliquées.

Nous avons aujourd’hui le devoir de dire fermement notre refus à ce que cette barbarie redevienne la normalité comme elle l’était hier sur notre propre territoire et sur l’ensemble des colonies françaises. Nous avons le devoir impérieux d’affirmer notre solidarité avec tous ces malheureux et avec celles et ceux – solidaires – qui viennent à leur secours

Georges GUMPEL
Enfant juif caché en 1943/1944
Fils d’Alfred GUMPEL, Déporté, parti de la prison de Montluc à Lyon dans le Convoi du 11 août 1944.
Partie Civile au procès de Klaus Barbie.
Membre de l’Union Juive Française pour la Paix.- UJFP

mardi 13 juin 2017 par Georges Gumpel